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Publié par Gérard Benoit

Drame des réfugiés : une déclaration de l’ANECR



La solidarité nécessite une politique ambitieuse et des moyens

Enfin ! après 29 000 morts et devant l’insoutenable, l’Europe-forteresse se fissure et les peuples solidaires reprennent la main contre l’indignité et les drames humains - aussi atroces qu’innombrables - vécus depuis des mois par des centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants fuyant les guerres, la misère et le chaos. L’humanité refait surface.



L’urgence est là. Rien n’est plus important que notre devoir de solidarité immédiate et concrète. Les élus communistes et républicains, déjà porteurs d’une forte tradition d’accueil des réfugiés et migrants, vont et appellent tous les élus de France à s’engager encore plus dans des actes de solidarité.



Cette solidarité des citoyens et des élus au niveau local, départemental, régional et national n’exonère pas l’Etat de ses responsabilités. L’annonce par le Président de la République de l’accueil de 24 000 réfugiés sur 2 ans est une goutte d’eau dans une mer de sang. L'idée d'un tri aux portes de l'Europe entre des réfugiés qui mériteraient d'entrer dans l'espace Schengen et d'autres qu'on pourrait laisser là, livrés à eux-mêmes, dans des pays qui leurs sont inconnus et hostiles, est un aveu d'inhumanité et d'impuissance. De même, le Président ne s’est pour l’instant engagé sur aucun moyen d’Etat national pour permettre cet accueil.

L’ANECR exige en premier lieu que la patrie des droits de l’homme en finisse avec les logiques guerrières de ces dernières années qui ont semé le chaos comme en Lybie, en Syrie, en Afghanistan et en Irak. Les engrenages de violences qui en découlent ouvrent un boulevard aux barbares de Daesh. Il faut stopper toute tentation de nouvelle escalade en Syrie et condamner sans ambiguïté l’attitude scandaleuse du gouvernement Turc vis-à-vis du peuple Kurde et de la situation à Kobané. La France et l’Europe doivent venir en aide aux camps dans les pays limitrophes des zones de conflit qui accueillent des réfugiés par dizaine de milliers comme la Tunisie, le Liban, la Turquie et la Somalie.



La France doit renouer avec ce qui a fait sa grandeur dans le monde entier : le droit d’asile.



L’ANECR demande que notre pays :

- Respecte la convention de Genève sur les réfugiés et mette aux normes du Haut-Commissariat aux Réfugiés de l’O.N.U. des centres d’accueil en doublant leurs capacités.

- Mette en place des dispositifs de soutien médico-social, des parcours d’insertion professionnelle et de scolarisation des enfants dans le respect des droits de l’enfant défini par la convention de l’O.N.U.

- Agisse pour revoir les politiques de visas de l’U.E. et demande l’abrogation de la directive de Dublin.

- Réoriente les missions du dispositif Frontex et le dote de nouveaux moyens pour assurer un accueil digne des réfugiés par la mise en place de parcours sécurisés.



Pour accueillir en France les populations en danger, il faut un changement de cap !



Un tel engagement doit enclencher une politique de solidarité concrète sur l'ensemble du territoire. Il faut rompre avec cette politique d’Etat qui ne fait qu’exclure les roms, les sans-papiers de notre société, une politique qui ne promet aucun avenir d’intégration pour ces réfugiés !

Il faut – et c’est l’évidence - stopper l’austérité qui frappe les collectivités locales, maillons essentiels de l’égalité républicaine et de la fraternité.

L’arrivée d’une population nouvelle et en difficulté pour un certain temps sur des territoires déjà fragilisés impliquent nécessairement un haut niveau d’accueil et d’intégration. Il faut le préparer en répondant aux besoins concrets de logement, de scolarisation, de formation, de soutien aux associations et de travail qui sont le quotidien de tous.

Cela veut dire impérativement des moyens pérennes et à la hauteur permettant aux communes qui en sont les chevilles ouvrières d’assurer l’accueil et l’accompagnement des populations en situation difficile.

Cela est d’autant plus nécessaire si l’on veut accueillir dignement, et sur l’ensemble du territoire national, une population nouvelle sans aggraver les divisions dans la société française et entretenir les fractures mortifères que notre pays connait, particulièrement dans les territoires déjà fragilisés.



L’élan de solidarité qui se lève face à cette actualité tragique doit permettre de sortir des logiques d’exclusion et de rejet qui frappent actuellement les populations déjà en errance sur le territoire français, victimes elles aussi, en d’autres lieux et d’autres temps, des guerres, des persécutions et de la misère. Loin de l’indignation sélective, il est essentiel de travailler la question des conditions d’accompagnement des personnes sans papiers, des familles roms, des sans domicile fixe et des habitants des bidonvilles toujours plus nombreux.



L'Etat et collectivités locales doivent être en mesure d'accompagner la mobilisation de la société civile, en soutenant le travail des associations d'accueil aux migrants et de lutte contre la misère, en permettant la réquisition des logements et des bâtiments vides qu'ils soient publics ou privés. Il faut également donner de nouveaux moyens au logement social pour permettre d’inscrire ces familles qui arriveront sur notre sol dans des parcours durables, sans créer un sentiment de concurrence entre français et réfugiés. Il faut renforcer les moyens pour l'école dans les dispositifs dédiés comme dans le cursus ordinaire, pour que chaque enfant trouve sa place et devienne une richesse pour notre pays.



Face aux logiques de domination, c’est par la solidarité et les coopérations que nous construirons un monde de paix et de liberté. L’ANECR y prendra toute sa part.



Montreuil le 08 septembre 2015



ANECR

10 rue Parmentier

93100 Montreuil

01.48.51.15.85. / 01.48.51.19.89.

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