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Publié par gerard.benoit.over-blog.com

L’orientation qui nous est proposée ce soir d’engager 183 180 € dans la vidéo-surveillance appelle plusieurs commentaires.

1) Nous avons bien noté que depuis la loi d’orientation et de programmation de la sécurité intérieure de 2011 sous Sarkozy/ Guéant, il faut dire « vidéoprotection » et non plus « vidéosurveillance ». Ca fait mieux, ça ne change rien puisque c’est le même menu, mais ça permet de légitimer un système qui ainsi se transforme, passant d’une surveillance « négative » à une protection « bienveillante ».

Des communes font même encore mieux en parlant de « vidéo-sécurité » d’autres de « vidéo-tranquillité ! Qu’est-ce qu’on ne dirait pas pour convaincre les concitoyens !

2) A l’occasion des conseils municipaux précédents sur les orientations budgétaires 2015 et 2016, nous vous avons fait part de nos inquiétudes et interrogations sur cette question.

 le 12 avril 2016 il nous a été répondu je cite : M. le Maire annonce la tenue d’une commission destinée à évoquer, dans les détails, le projet de vidéo-protection. Cela permettra de répondre aux interrogations et d’exposer les modalités de mise en œuvre.

Notre groupe « collectif citoyen » n’a rien vu passer. C’est dommage un peu de pédagogie et de démocratie auraient été pour le moins utiles.

3) Cela aurait été d’autant plus utile que dans l’ODJ de ce soir il n’y a pas un mot sur les objectifs justifiant la mise en place de ce dispositif.

Alors que sont ces objectifs ? que dit la loi de 2011: neuf objectifs, deux sont essentiels, les points 5 et 6 :

Je cite : la vidéoprotection assure la prévention des atteintes à la sécurité des personnes et la prévention des actes de terrorisme.

Malheureusement nous connaissons les drames que notre pays, la Belgique et l’Allemagne ont connus, la vidéoprotection comme moyen de prévention c’est un échec total.

Quant à la prévention des atteintes à la personne, le compte n’y est pas. Si elle peut être dissuasive quand elle s’exerce dans des espaces clos magasins, grandes surfaces, parkings elle n’est en rien dans l’espace public la solution miracle pour lutter contre la délinquance.

L’impact des caméras sur la sécurité est aujourd’hui contesté sur la base d’études et d’évaluations très argumentées. Il est beaucoup question de l’effet plumeau, avec des déplacements de délits vers les zones non vidéo-surveillées. En effet elle dissuade le malfaiteur d’agir ici mais elle ne peut le retenir d’accomplir son acte ailleurs.

4) Alors quels sont les objectifs ?

Selon nous ils permettent de répondre aux sollicitations de l’Etat engagé dans une politique sécuritaire, de répondre à l’inquiétude d’une partie de la population et ça permet aussi de satisfaire le lobby et les appétits d’une industrie qui prospère.

Le chiffre d’affaires de ce secteur est de plus de 1,2 Mds d’€ dont 25 % apportés par les collectivités locales au profit des multinationales qui pilotent (Thalès, Orange, Cofely).

Le nombre de communes filmant sur la voie publique a été multiplié par 40 ces dernières années. Tant pis si ça ne sert à rien, tant pis pour les budgets pourtant contraint des communes, tant pis pour les 183 180 €.

Aujourd’hui, ceux qui font les frais de cette politique d’austérité mise en place par le gouvernement, c’est la population et l’ensemble des associations qui voient leurs demandes ou leurs projets mis à mal par le manque de moyens.

Nous aurions préféré que cet investissement de 183 180 € prévu pour la mise en place d’un système de vidéoprotection soit intégré dans la vie associative et culturelle de notre commune.

5) Les coûts.

Lors des débats d’orientation budgétaire, à deux reprises nous avons fait remarquer que 80 000€ pour 12 caméras c’était impossible. Les faits aujourd’hui nous donnent raisons. L’addition s’élève à 183 180 € hors maintenance/entretien, pour une efficacité non prouvée. Alors est-ce utile ? Est-ce efficace ?

Ne vaut-il pas mieux engager une véritable politique générale de prévention avec les acteurs associatifs locaux, avec un renforcement de la prévention sur le terrain, avec une police de proximité renforcée, pour entrainer une véritable et durable amélioration de la sécurité.

L’exemple de Nice avec ses 1000 caméras est éloquent, avec la même dépense annuelle que celle de la vidéo protection, ce sont 440 emplois de médiateur, d’animateur et d’éducateur qui pourraient être créés.

Et à CASA  ces 183 180 € ne seraient-ils pas plus efficace s’ils étaient intégrés dans la vie associative et culturelle de notre commune.

Donc concernant la vidéo protection interrogeons-nous. Est-ce efficace ? Les résultats sont-ils à la hauteur des investissements engagés ? Est-ce la seule solution possible ?

A ces 3 questions nous répondons « non »

Donc nous voterons contre.

Intervention GB pour "collectif citoyen" Conseil municipal du 24/04/2017

 

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